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Une ration fraîche en plein été Le mélange complet d’aliments au silo limite les échauffements

La mélangeuse automotrice de 45m3 est équipée d'une grue avec grappin pour charger les différents fourrages et coproduits préalablement livrés sur la ferme. (©BTPL)

Les vaches laitières comme les silos d’ensilages craignent la chaleur. En période de stress thermique en été, la production chute en moyenne de 3 litres/j à alimentation constante. Le BTPL nous emmène en Moselle, dans un grand troupeau qui fait appel à une entreprise de mélange à la ferme. Une mélangeuse de 45m2 vient mixer ensilages de maïs et d’herbe, drêches et maïs épis dans un même silo. Ce mélange permet de gagner du temps au quotidien, d’apporter une ration régulière et très stable même en période de fortes chaleurs.

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Avec des canicules de plus en plus fréquentes, produire du lait en été devient compliqué dans certaines régions. Si de bonnes conditions de ventilation (voire d’aspersion), d’abreuvement et de logement sont très importantes, la qualité de l’alimentation l’est tout autant. C’est un pilier de la production laitière qui peut rapidement être pénalisé par un stress thermique. Ce dernier vient se combiner avec l’hyperthermie provoquée par l’activité ruminale. Les hautes températures peuvent alors être sources de troubles de santé, en particulier chez les vaches fraîches vêlées, plus sensibles. Les animaux souffrant de la chaleur mangent moins et la production laitière en est perturbée. Pour limiter cela, il est important de porter une grande attention à la qualité de la ration distribuée.

Celle-ci repose en partie sur la qualité de stockage et de conservation des fourrages. Pour jouer sur leur fraîcheur, il faut également veiller à avoir une avancée rapide dans les silos afin d’éviter que le front d’attaque ne chauffe et se dégrade. Toujours dans la même optique, il est possible de distribuer la ration plusieurs fois dans la journée pour en favoriser la fraîcheur et l’appétence pour les animaux. Distribuer une ration plus abondante le soir limite l’échauffement des fourrages dans l’auge durant la journée.

Réflexion menée à la SCL Fontaine Lactée

Jonathan Zehr, de la SCL Fontaine Lactée, en Moselle, a cherché une solution pour limiter les pertes en été : « Nous constations chaque année une forte chute de production les mois d’été au travers du tableau de bord €colait. En échangeant avec l’ingénieur BTPL et les autres producteurs, nous avons décidé de faire évoluer les choses afin de faire mieux. L’idée du mélange complet dans le silo était de jouer sur la maîtrise des transitions et la stabilité des fourrages. »

Intérêts des mélanges humides à la ferme

Les mélanges en ferme peuvent présenter une alternative à ces problèmes, en proposant les avantages suivants :

A la SCL Fontaine Lactée, cela fait plusieurs années qu’un mélange de fourrages et co-produits est réalisé. Il permet d’alimenter l’ensemble du troupeau durant l’été. Cette technique permet de passer de trois à seulement un seul silo ouvert pendant la période estivale. Ainsi, l’avancée quotidienne dans le silo est importante et limite le risque de chauffe et de dégradation du front d’attaque.

Les animaux ont chaque jour une ration fraîche et appétente issue du mélange. A cette ration vient s’ajouter la partie concentrés, variable en fonction du lot alimenté. Dans d’autres situations, il est possible de réaliser un mélange complet intégrant les concentrés afin de n’avoir plus que la tâche de distribution à réaliser.

Un silo dimensionné pour limiter l’échauffement

En été le front d’attaque du silo unique (12 m de large sur 3 m de haut) est dimensionné pour avancer d’au moins 20 cm par jour. Le mélange ne chauffe pas et sa stabilité permet même de distribuer la ration 2 fois par jour en cas de grosse chaleur, toujours dans un souci d’apporter une ration fraîche aux animaux pour les motiver à s’alimenter et favoriser l’ingestion. « La qualité du mélange repose avant tout sur la qualité initiale des fourrages utilisés », insiste Jonathan Zehr qui souligne l’importance de connaître les valeurs alimentaires des fourrages mélangés.

Un mélange de qualité, permettant la distribution d’une ration fraîche, limite les conséquences générées par le stress thermique. Le fait de moins fragiliser les animaux, notamment les vaches fraîches et les animaux sensibles, permet ensuite d’assurer une meilleure persistance de la lactation de l’ensemble du troupeau.

Alléger le travail quotidien

Pour Marc, l’un des associés chargé de l’alimentation des trois lots de vaches, « le mélange complet permet de gagner du temps en ne prélevant que dans un silo, avec quasiment aucune perte.  Le temps et l’argent investis dans la réalisation du mélange sont donc rapidement amortis par l’obtention d’un mélange homogène, frais et de qualité. Ainsi, nous pouvons passer l’été en évitant les pertes de production liées à la chaleur. C’est très satisfaisant ! »

La réalisation d’un tel mélange, 1160 tonnes d’aliments,  exige un chantier s’étalant sur trois jours et mobilisant trois personnes. C’est la principale contrainte du mélange, selon Jonathan Zehr. Par la suite, il permet d’alimenter les 210 vaches laitières réparties en 3 lots pendant 5 mois. Le fait de n’avoir plus qu’un silo fait gagner près d’une heure chaque jour pour la distribution de l’alimentation.

Approche économique

Le coût de la réalisation du mélange en prestation de service (réalisé par une entreprise disposant d’une mélangeuse automotrice de 45m3) est d’environ 3€/tonne pour cette exploitation. Cet investissement est vite compensé par :

« Depuis trois ans que nous utilisons cette technique, nous constatons une production par vache régulière et qui a progressé de plus 7 litres sur juillet et août », note Jonathan Zehr. Le coût alimentaire a baissé (103€/ML en juillet 2015, pour des vaches à plus de 30L/j). La prestation de service et le coût du travail investi sont amortis en moins d’un mois avec les 3 litres de lait de plus par vache et par jour sur l’année sur ce troupeau de 190 vaches.

« L’avantage le plus important que présente ce mélange est sa stabilité, le fait qu’il ne chauffe pas. Il faut également veiller aux différents composants du mélange, à leurs valeurs et leur qualité. Il ne faut pas hésiter non plus à persévérer, c’est comme pour tout, l’expérience vient en allant », conclut le producteur.

 

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